Ecouter son corps... S'écouter...

Publié le par Brigitte Lesigne

D'aucun vous diront : "Il ne faut pas s'écouter...".

Pourquoi ? Est-ce un signe de faiblesse ?

Combien de fois ai-je entendu cela dans ma jeunesse.

Tu t'écoutes trop ! Allez, courage, fonce, cravache, bosse, tu vas y arriver !

Cette culture du travail, d'aller au-delà de ses limites, de les dépasser, d'aller toujours plus loin, on me l'a faite rentrer dans la tête à coup de matraque.

On arrive à rien sans effort, certes... Rien ne tombe tout cuit entre nos mains, ni les études, ni l'emploi.

Certes, il ne faut rien attendre des autres, on ne peut compter que sur soi.

J'ai passé toutes mes années d'adolescence à travailler, à étudier, pour avoir mon BAC, le sésame à l'époque pour aller plus loin. Un diplôme qui dans les années 80 valait encore quelque chose.

J'avais un but, je voulais faire du droit, être juge pour enfants.

Ce but atteint, j'ai été fauchée dans mes ambitions, pas de bourse ! Donc pas les moyens d'intégrer l'école qui m'aurait permis de poursuivre sur cette voie sacrée.

L'année scolaire était entamée, plus de plan de repli possible, toutes les autres options envisagées étaient des filières dans lesquelles il n'y avait plus de place.

On m'a dit : retentez votre chance l'année prochaine !

Sauf que je n'avais pas les moyens d'attendre, ma grand-mère qui se saignait aux quatre veines depuis des années pour m'amener jusque là ne rajeunissait pas.

Alors j'ai tenté la fonction publique, j'ai réussi le concours et je suis entrée dans la fonction publique territoriale avec la même ferveur.

Là non plus je n'ai pas ménagé ma peine. J'étais une employée modèle, je dérangeais même certains syndicalistes qui vinrent un jour me trouver en me demandant de ralentir le rythme, car je donnais le mauvais exemple ! Un comble ! On me demandait d'en faire moins au prétexte que moi je ne prenais pas dix pauses café ou cigarettes par jour et que je n'entamais pas la semaine en passant la matinée à raconter mon week-end !

J'ai gravi les échelons, simple employée de bibliothèque et de conservatoire au début, j'ai terminé ma courte carrière au secrétariat des élus puis du député-maire.

Je me suis ensuite consacrée avec la même ferveur à mes enfants, à mon intérieur, puis à des activités associatives, politiques...

Mon but n'a jamais été d'être reconnue comme la meilleure, j'avais en moi ce souhait de me rendre utile, d'être efficace, de bien faire mon travail.

Quand je suis tombée malade il y a 7 ans, que la fibro a croisé ma route, ce n'est pas tant la maladie et le douleurs en elles-même qui ont été les plus difficiles à admettre, mais bien de ne plus pouvoir mener de front autant de choses que par le passé, de me sentir inutile, plus "rentable"...

J'ai bien déjoué l'ennui avec des activités manuelles dont j'ai toujours été friande, mais je me sentais frustrée.

Et puis, là aussi, dame fibro s'est moquée de moi. Plus moyen de jouer du piano, pas moyen de faire d'aquarelle, le tricot... pas simple, le jardinage... compliqué et douloureux...

Que me restait-il ? De quoi étais-je encore capable ?

D'écrire certes, mais cela ne nourrit pas... Et puis c'est un parcours très chaotique, les éditeurs... ne m'en parlez-pas !

Mon parcours avec dame fibro a permis une chose, ouvrir mon esprit toujours à l’affût de nouvelles connaissances.

Je suis devenue actrice de ma maladie en l'étudiant, en la disséquant, en essayant de l'apprivoiser. La sophrologie, l'aromathérapie, le Reiki, la naturopathie, etc. sont devenus ma raison de vivre avec toujours cette volonté d'aider, pas seulement moi, mais tous les autres, ceux qui pourraient croiser mon chemin.

J'avais juste oublié un léger détail, m'écouter, juste un peu. J'étais retombée naturellement dans ce travers inné chez moi, bosser, encore et encore.

Samedi, mon corps m'a rappelé cette règle élémentaire : m'appliquer à moi-même ce que je conseille aux autres, prendre soin de moi, me poser, me reposer, ce ne sera pas du temps perdu, bien au contraire, car toutes ces notions, ces sensations que je ressens, je serais encore plus à même de les faire partager plus tard à ceux qui croiseront ma route sur ce chemin de lumière avec moi-même.

Nous sommes notre propre médecin, soyons à notre écoute autant qu'à celle des autres, écoutons-nous, ce n'est pas perte de temps, nous ne devons pas culpabiliser, nous sommes uniques, ne nous gâchons pas !

Ecouter son corps... S'écouter...

Publié dans Fibromyalgie

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